LANEUVELOTTE,
Histoire d'un village
notes de l’abbé Émile JEANMAIRE né le 15 avril 1867 à Laneuvelotte, décédé vers 1919 à Laneuvelotte
COMMENT S'EST APPELE LE VILLAGE AU COURS DES SIECLES
- en 770 NODULFUM
- en 1449 LA NEUFVILLETTE (chapitre du prieuré de l'Aistre)
- en 1476 LA NEUFVEVILLETTE-DESOUBZ-AMANCE
- en 1506 LA NEUVELETTE
- en 1524 LA NEUFLOTTE
- en 1594 LA NEUVELOTTE
- en 1615 LA NEUFLOTTE
Le fief de la Neuflotte relevait de la chatellenie d'Amance, bailliage de Nancy.
Petit village situé sur la route de nancy à Dieuze, près d'une vaste forêt, à 11 km au Nord-est de nancy.
Population
273 individus, 27 électeurs communaux, 10 conseillers municipaux, 69 feux, 43 habitations.
Territoire
849 hectares dont 499 de terre arable, 225 de forêt, 104 de prés.
On trouve sur ce ban la ferme de LABOUZELLE et de VOIRIMONT, à 2 km au sud.
La Neuvelotte, appelé en latin NOVA-VILLULA, était un hameau qui dépendait de Laître et dont l'origine est inconnue. Il fut érigé en cure en 1606 sous l'invocation de Notre Dame en son Assomption. Ce village avait un seigneur particulier et répondait au bailliage de Nancy, généralité et parlement de cette ville, avec les coutumes de Lorraine. On voyait sur son territoire un ermitage aujourd'hui détruit et une des chapelles de l'église d'Amance était unie à la cure de ce village. C'est aujourd'hui une succursale dans le ressort de la cathédrale de Nancy.
TOPOGRAPHIE
Laneuvelotte est un tout petit village au pays de Lorraine (242 habitants). Il est gracieusement couché au travers d'une gorge très étroite et peu profonde; on croirait un moissonneur qui, à la sieste de midi, s'est laissé glisser mollement dans la raie de son champ de blé et qui dort là, tranquille et content, la tête et les pieds débordant au hasard sur les deux revers du sillon. Si vous désirez connaître ce charmant hameau et le pli de terrain où il se cache à demi, cherchez d'abord sur votre carte d'état-major, dans le département de la Meurthe et Moselle, non loin de Nancy, à cinq ou six kilomètres de la nouvelle frontière allemande, entre 4,4 degrés de longitude Est de Paris et 48,4 degré de latitude Nord.
Et maintenant en route pour une délicieuse promenade au pays des gras pâturages et des riches sillons, au pays du bon lait et des omelettes mousseuses.
A votre choix, la voie ferrée de Nancy à Château-Salins ou la route nationale 74, de Besançon à Sarreguemines. La route est belle, un peu trop en ligne droite surtout entre Essey et Seichamps, mais en revanche unie et douce aux pieds comme un boulevard bien entretenu ; on dirait une longue et royale avenue. Route fréquentée s'il en fut, durant les beaux jours, tout Nancy s'y promène : brillants cavaliers, fringants équipages, voitures à vapeur, lents et paresseux rêveurs, rapides et vertigineux vélocipédistes, troupeaux bêlants, lourds chars de culture; tout s'y rencontre, tout s'y coudoie, la ville et la campagne, dans un va-et-vient perpétuel. Et le dimanche donc , que de troupes folâtres et joyeuses, que de gais refrains ; c'est Nancy qui va prendre ses ébats au bois de Feys, tout là-bas, près de la Bouzule. Il y a soixante ans, on y voyait passer chaque jour la malle-poste avec ses quatre chevaux aux sonnettes tapageuses, le postillon était fier comme Artaban, toujours son attelage au grand trot. Plus d'une fois il paya son orgueil et son audace par une chute malheureuse dans le ruisseau, au beau milieu de Laneuvelotte, du haut du vieux pont, là tout près de l'église où la route fait un coude à angle droit. Plus d'une fois aussi, le postillon de la patache y versa ses voyageurs , plusieurs même y furent tués . Pour éviter si grave accident, depuis quarante ans environ, arrivée à l'entrée du village, la route, sur le parcours d'un kilomètre, se divise en deux branches parallèles. La nouvelle route décrit une légère courbe tout autour du village et le ceint d'une couronne de verdure; c'est un véritable boulevard au milieu de fertiles et gracieux jardins. Aussi, si vos jambes sont paresseuses, ne regrettez pas trop la bonne vieille patache, vous avez le chemin de fer. il vous déposera, à votre choix, à la halte de Laître-sous-Amance éloignée seulement du village de 1,2 kilomètre, ou de celle de La Bouzule sise un peu plus loin, à 2,2 kilomètres. Venant par La Bouzule, vous ferez connaissance avec la ferme de ce nom et vous verrez les bois si renommés du Feys. Vous trouvez d'abord, sur une longueur de 379 mètres, un chemin d'intérêt commun, de construction toute récente dit "chemin d'accès à la halte de La Bouzule"; puis vous tombez sur la tranchée forestière dite "du rond Boutelier". Vous admirez un instant cette tranchée qui semble monter à pic dans la forêt et qui est très originale et très belle à cause d'une double rangée de sapins qui la bordent dont le vert noir tranche si bien sur le feuillage plus tendre des hêtres du Feys. Vous passez l'Amezule, et par la route nationale, vous remontez la petite côte de la Castille. Vous laissez à main gauche le chemin vicinal qui conduit à Velaine et, tout en descendant sur Laneuvelotte, vous donnez un coup d'oeil à un paysage des plus enchanteurs. Dans le lointain, Nancy et les côtes de Vandoeuvre, plus près le majestueux et étrange "Pain de sucre", puis à droite, la riante vallée de l'Amezule avec ses nombreux villages fièrement et coquettement assis au sommet des collines. Tout au fond, les fumées de Champigneulles, Bouxières-aux-Dames gracieux et pittoresque entre tous, Eulmont qui se déroule comme un long ruban d'argent, Dommartin le curieux qui semble être monté sur sa terrasse pour jeter dans la vallée un coup d'oeil scrutateur; enfin, l'incomparable côte d'Amance avec son petit et son grand monts, avec son manteau de vignes verdoyantes, avec ses deux antiques et précieux joyaux : Laître et Amance. Amance semble être la couronne de la tête royale, Laître, la croix d'or qui orne son sein rebondi. Venir par la halte de Laître-sous-Amance est cependant plus pratique car elle n'est éloignée de Laneuvelotte que de 1,2 kilomètre, une simple promenade par un chemin vicinal des mieux entretenus; d'ailleurs, pour aller à Nancy, c'est la route un peu plus longue mais toujours préférée des laitiers et des marchands de fruits de Laître.
A peine descendu du train, vous vous demandez où il est ce gentil petit village, objet de votre légitime curiosité....? Là, devant vous, cherchez bien.... Ce que vous en voyez tout d'abord, c'est son blanc cimetière sur un petit mamelon, puis la pointe aigüe d'une flèche fort élancée et c'est tout. Mais patience, en cinq minutes vous y serez. Passée l'Amezule, un coup d'oeil à droite, à cette vallée qui fuit vers Seichamps, de-ci de-là, des saules et des peupliers, tout au fond la grande route nationale et une gracieuse et solitaire vallée égayée autrefois par la ferme de "la folie". Après cent pas de montée, on aperçoit enfin le village. Le voilà avec sa grande rue coupée par deux minuscules rues transversales. Depuis Amance, on dirait une croix de Lorraine indécise en ses contours.
Qu'il est donc petit. A peine cinquante maisons, quelques unes, cependant, d'assez bonne apparence, point de luxe, du confortable seulement. Le site est plutôt gracieux, l'oeil, cependant, se repose avec complaisance sur la côte de la fête où serpente, comme un long ruban d'argent (chemin vicinal de Laneuvelotte à Cercueil). A gauche, la verdure sombre du Tremblois et le vert tendre d'un petit coteau de vignes.
Outre les chemins dont nous avons parlés, il y a encore le chemin d'intérêt commun N°10, de Nancy à Réméréville, qui coupe la partie sud du territoire, et un chemin vicinal qui relie Seichamps à Varincourt.
Mais qu'est-ce-que ce château et ces maisons qu'on aperçoit plus loin, là-bas dans le massif de verdure ? La Bouzule, Le Tremblois, Varincourt, trois châteaux doublés de trois fermes, ce sont les trois écarts de Laneuvelotte qui ont eux aussi leur histoire parmi les plus intéressantes. Mais avant de faire connaissance avec les habitants de Laneuvelotte et de ses hameaux, étudions un peu son territoire plus riche encore que pittoresque.
LE TERRITOIRE
- Superficie et divisions
Le territoire de Laneuvelotte a une superficie totale de 905 hectares, 20 ares, 20 centiares, soit :
* terres labourables 625 hectares, 15 ares, 84 centiares;
* prairies 190 hectares, 3 ares, 31 centiares;
* vignes 3 hectares, 6 ares, 80 centiares;
* forêts 60 hectares, 75 ares, 13 centiares;
* jardins 5 hectares, 66 ares, 80 centiares;
* ruisseaux 11 hectares, 4 ares, 60 centiares;
* routes et chemins 16 hectares, 13 ares, 12 centiares;
* sol et maisons 3 hectares, 3 ares, 60 centiares.
Dans son ensemble, il forme des ondulations assez fortes dont les bords descendent en pente douce sur trois ou quatre vallées. Au fond de ces vallées, de riches prairies; sur les mamelons, une terre arable excellente et fort variée de nature : ici, des terres fortes; là, du sable et de la rocaille. La terre noire plus riche en blé, la rocaille meilleure pour la vigne, le sable excellent pour les plantes sarclées. Ce sol arable peut se diviser en trois catégories de sols reconnus par plusieurs praticiens :
* 420 hectares d'une terre franche argilo-siliceuse à sous-sol loameux, assez facile à travailler, s'amendant par le calcaire de Voicherande;
* 169 hectares d'une terre argilo-marneuse, grasse, tenace et collante, à sous-sol imperméable comme le bois de Tal;
* 316 hectares d'une terre blanche, légère, graveleuse, à sous-sol perméable demandant peu, mais souvent, d'engrais comme le grand Patural.
Au point de vue de l'impôt, les terres et prés sont divisés en quatre classes, selon leur fécondité; les forêts en deux; et il n'y a qu'une classe pour les vignes, les jardins, les chenevières et les vergers.
Le cadastre, lui, partage le territoire en cinq sections (1838) :
* Section A dite "du bois de Tal";
* Section B dite "de derrière la haie";
* Section C dite "des vignes et des sablons";
* Section D dite "de Varincourt";
* Section E dite "du village".
D'après une division plus ancienne, il n'y avait que trois sections selon les trois saisons dites :
* "la saison de Voicherande";
* "la saison des vignes";
* "la saison des sablons".
Outre ces grandes divisions, il y a une multitude d'autres subdivisions à noms étranges, pas très bien délimitées dont on peut en voir les noms sur le cadastre ci-contre :
SECTION A : du bois de Tal
Pré la louve; Haie la vache; A Voicherande; La souche; Pré paumier; A herbé; Noires terres; Derrière la grange*; Pré Thomas; Ruines de la folie*; Pré St Antoine; Le vassieux; Pré des oies; Les 15 vergers; Pré l'émerie; Bois de Tal; Au colombier; Au Rouot*; La tranchée; A l'écluse du moulin*; A la fouchouchard; Sur le ruisseau Gérardel; Pré potard; La gravelle; Aux champs baquets; Grand pré; Sous la gravelle.
* Ruines de la folie
Autrefois, une ferme du nom "DE LA FOLIE" existait en ce lieu. Elle était assez importante car plusieurs familles y avaient élu domicile. J'ai trouvé, à la date de la translation de St Gérard, en 1620 :
- 1620, baptême de François MARCHAL, fils de Demenge Marchal, de la Folie;
- 1622, baptêmes de Béatrix, fille de Martin MARCHAL et de Christian, fils de Demenge MARCHAL;
- 1624, baptêmes de Louis, fille de Demenge MARCHAL et de Barbe, fille de Martin MARCHAL;
- 1627, baptême de Anne, fille de Martin MARCHAL;
- 1628, baptême de Idatte, fille de Demenge MARCHAL;
- 1630, baptême de Françoise, fille de Martin MARCHAL;
- 1634, baptême de Henri, fils de Martin MARCHAL;
- 1635, Le Seigneur de Neuflotte était parrain, avec Anne, fille de Demenge MARCHAL demeurant au gagnage de la Folie-sous-Amance.
Après 1635, je n'ai trouvé nulle trace de ce gagnage. La femme à Demenge MARCHAL est décédée à Neuflotte le 15 mai 1684. En fouillant le sol, on trouve encore en ce lieu des débris de muraille, des fragments de tuiles, de briques provenant des ruines de cette ferme.
* Derrière la grange
La Grange existait déjà au XIIème et XIIIème siècles, car le Duc Mathieu donne à Jacques de BRATTE des lettres de don touchant la seigneurie de la Grange-sous-Amance. Il est dit dans "les communes de la Meurthe" par Lepage :
- Le 21 décembre 1527, Didier HILLAIRE, demeurant à Laistre-sous-Amance, donne son dénombrement pour la seigneurie de la Grange située à Laneuvelotte, qu'il possède en fief par suite du décès de ses père et mère.
- Le 25 juin 1664, Charles le grand, Seigneur de St Ouen, fait ses reprises pour les haute, moyenne et basse justices de Neuflotte et pour la seigneurie de la Grange sise au même lieu.
Cette ferme devait faire partie du village de Laneuvelotte, car un annuaire ancien relate ceci :
<< La Grange, ancienne seigneurie au village de la Neuvelotte.>>
Où était-elle située ? Je l'ignore.
* A l'écluse du moulin
Un moulin a existé en ce lieu; il était mû par les eaux de l'étang qui appartenait au Seigneur. Il est probable que ce moulin a été incendié vers 1800 et qu'il n'a pas été rebâti. On aperçoit encore quelques morceaux de bois et plusieurs moellons ayant servi d'assises à ce moulin (en 1632, le meunier était Claudin PRENET ou FRENET).
* Au rouot
Un four à chaux était établi dans ce canton; il a été démoli en 1842.
SECTION B : du bois de Tal
En froid fossé; A Felhotte; La noire corvée; Le patis; La marcarrerie; La goulotte; Derrière la grande haie; La grosse haie; Les bréhattes*; Le pré Henriquel; Le pré de la chapelle; Le Tremblois*; Le pré des arbres; La Bouzule*; En moulin champs; Le fond des Tremblois; Le donoir; En chachy pré; Le pré des puces; Au trac-salé; La castille; Les vannes; La grande tranchée; Le pré Lambert; Les grandes friches; Au dessus de l'étang; Le patural; La peste*; L'embanie; La grande corvée.
* La peste
Une léproserie, un petit hôpital ou un cimetière a dû exister en ce lieu, probablement vers 1635, car j'ai trouvé à cette date :
<< L'on mourut beaucoup à Neuflotte. >>
* La Bouzule
ferme importante, un article spécial lui est consacré plus loin.
* Les Bréhattes
En 1710, une maison existait au lieu dit "La Bréhatte", elle était encore debout en 1778 et 1802. On n'en voit plus trace aujourd'hui. Près de cette cense se trouvait une fontaine qui portait, et porte encore, le nom de "Fontaine des malades". On n'a pu me dire pour quel genre de maladie on venait boire ou se laver à cette eau.
* Le Tremblois
Château moderne et ferme importante. Un article spécial leur est consacré plus loin.
SECTION C : des vignes et des sablons
Aux mûriers; Les grandes haies; La souche*; A l'étang*; Les vignes; Les grands montants; La chaussée de l'étang; Le tant le jeu; Le haut des tarpes; La liverdune; A la corre; Aux ensemencements; Voirincourt*; Aux sablons; De Seichamps; En houditemps; Les Bourguignons*; Au large cul; Les champs morrés; Au rupt Gérardel; Les petits sablons.
* A l'étang
Les eaux de cet étang alimentaient le moulin des Seigneurs de Neuflotte. A la suite de l'incendie du moulin, la chaussée de cet étang fut ouverte.
* Voirincourt
Ancienne ferme école. Un article spécial lui est consacré plus loin.
* Les Bourguignons
Les Bourguignons ont-ils campé en ce lieu lors du siège de Nancy en 1476-1477 ? On peut le supposer puisque, on le verra plus loin, un individu de cette commune a franchi les lignes ennemies pour porter un message aux assiégés.
* La souche
Le nom ancien de ce canton "La justice" indique que c'est en ce lieu que les criminels, sorciers, .... subissaient leur peine.
SECTION D : de Voirincourt
Aux saules; La venchère; Le verveau; Bois du Loy*; Le coin du cendrier; Au haut du trop; Sous le bois d'Essey; Le pendu; Le bois la chasse;
* Bois du Loy
Un titre de cette propriété appartenant à M le Vicomte Arthur de BIZEMONT dénomme ce bois de trois manières : bois le loy, bois le lonet, bois à l'ouest. Tout ce canton et la côte dite "de la fête" (ban de Cercueil) étaient boisés autrefois.
SECTION E : du village
Le château; Au champ Jacquemin; A la grande rue; Au vieux chemin; Derrière les jardins; Le jardin St Nicolas.
Noms anciens de quelques cantons ou lieux dits
Le champ des belles; Aux bavue; Canton de gailloté; A la justice; Canton du puits l'oiseau; Ruelle St Barthélémy; Canton des francs sillons; Corvée marin; Canton de la bagrée; La crapaudine; Canton des tréxa; A droite de Varincourt; Canton de harmanpont; Jardin; Canton du pré macarre; Jardin de J B Deranton; Canton du pré grand peu; Pré de Varincourt; A la croix vieille mairesse; A la droite de la Bouzule; Aux champs des glaye; La marcairrerie; A la jonchère; Aux sablons en dessous du chemin; Au dessus du pré potard; A la souche, au dessus de la route, Près du jardin de la fabrique.
LES TERRES ET LES CULTURES
Autrefois, le tiers des terrains faisait versaine, au grand préjudice de l'alimentation publique. Cette méthode funeste n'est plus pratiquée que dans quelques champs infestés de plantes parasites qui les épuisent, et que l'on extirpe au moyen de labours répétés, suivis de longs hersages. Les jachères ne sont donc pas, à Laneuvelotte, une règle générale, et se cantonnent alternativement, mais presque toujours, dans les terres fortes. Toutefois, s'il est d'usage de les restreindre, il est impossible d'y renoncer sans s'exposer à voir la récolte suivante manquer, ou à peu près. Le conseil du poète est toujours vrai :
<< Alternis idem tonsas cessare novales. Et segnem patere situ durescere campum. >>
car, comment se délivrer des plantes parasites : chardons, pas d'âne, chiendent, mousses et lichens, sans jachère ? Si on leur permet de vivre, n'affameront-elles pas les moissons ? D'ailleurs, nos vieux cultivateurs savent bien qu'il faut que, de temps à autre, la terre se cuise au soleil et se repose :
<< Nec ulla interea est inaratae gratia terrae. >>
L'expérience a démontré aussi qu'il ne faut pas faire suivre deux céréales de suite dans le même terrain :
<< Sic quoque mutatis requiescunt fetibus arva. >>
Aussi, la méthode dite " de rentouillage " est pour ainsi dire abandonnée à Laneuvelotte comme d'ailleurs dans tous les environs.
Naturellement, quelques bonnes que soient les terres, il faut aider leur fécondité par les engrais de ferme très abondants à Laneuvelotte, vu le grand nombre de bétail de tout genre : chevaux, vaches, moutons et porcs; il y a donc à Laneuvelotte fumier abondant, fosses et tonneaux à purin. De plus, depuis plusieurs années, plusieurs cultivateurs et propriétaires intelligents sèment en couverture du nitrate de soude et autres engrais chimiques :
<< Effelos cinerem immundum jactare per agros. >>
Aussi, les récoltes qu'ils obtiennent les indemnisent largement de leurs avances. Cependant, il faut savoir, en cela aussi, garder la bonne mesure, ne pas ruiner sa terre.
Les céréales que l'on cultive à Laneuvelotte sont le blé, l'avoine, le seigle, l'orge et quelque peu de colza de sarrasin et de maïs. Le seigle se cultive principalement, et presque uniquement, pour la paille dont on fait des liens qui servent à serrer en gerbes toutes les céréales, et à mettre en bottes les foins et les luzernes. Le blé, culture principale, est d'un bon rapport. L'avoine succède presque toujours au blé, aussi elle se cultive en quantité à peu près égale. Il y a à Laneuvelotte une espèce d'avoine, petite, très nourrissante et très productive en grains, sinon toujours en paille; c'était celle cultivée par nos pères, mais depuis quelques années, on a essayé de la remplacer par de fortes avoines dites "de Hongrie" à tige plus élancée et plus épaisse la paille est moins goûtée de la vache et le grain est trouvé trop dur par le cheval. D'ailleurs, cette avoine dégénère après quelques années de culture et épuise nos terres, aussi, il faudra bien revenir à l'ancienne. Le colza, lui aussi, a ses beaux jours. Bien souvent, on a vue depuis Amance sur les longues bandes d'or qui rayaient si gracieusement et si richement nos verts côteaux. Mais comme il a beaucoup baissé de prix, et comme surtout les bras manquent à Laneuvelotte, on a abandonné le colza, celui-ci ayant grand tort de tenir beaucoup de place et d'exiger d'être battu sitôt cueilli. Comme plantes sarclées, on trouve principalement la pomme de terre et la betterave qui sont d'un beau rendement. Quelques légumes secs, aussi pois, lentilles et féveroles. Ces légumes se cultivent dans les terrains ensemencés en avoine l'année précédente, terrains riches qui, d'ordinaire, ne font pas versaine.
Depuis vingt ans environ, la culture du chanvre et du lin est totalement négligée, ainsi que celle du tabac et du houblon. Cependant, le chanvre et le lin furent longtemps en honneur chez nos pères; la preuve, c'est qu'autrefois, il y avait beaucoup de tissages à bras. Dans tous les greniers, il y a encore des métiers à briser le chanvre, tous au repos et à l'abandon, tout comme les métiers à tisser. Les chanvriers travaillaient généralement à la pièce, et confectionnaient avec le fil que les femmes filaient pendant les longues soirées d'hiver, cette toile un peu grossière, mais forte appelée "toile de ménage". Cette toile teinte en bleu servait encore, il y a trente ans à peine, à confectionner le vêtement complet des hommes, et de même pour quelques femmes; mais aujourd'hui, cette toile, appelée "grisette" ou "rayure", a fait place aux coutils de divers nuances et de prix plus modique, mais surtout de solidité moins certaine.
Ainsi vont les choses :. plus de toile de ménage et bientôt aussi, plus de pain de ménage . Pourvu, qu'il nous reste toujours au moins le blé dont on fait le pain et les bras nécessaires pour le cultiver . Que l'industrie veuille bien respecter ces deux choses pour le plus grand bien de nos arrière-neveux.
LES PRES ET LES RUISSEAUX
Après les céréales, les fourrages sont à la base de l'agriculture; ce sont eux qui font presque toujours la richesse d'un village : d'abord parce que les fourrages se vendent d'ordinaire à très bon prix et demandent relativement peu de travail au cultivateur; de plus, quand on a abondance de fourrage, on a aussi de nombreuses marcairies, d'où la vente du lait qui, à Laneuvelotte surtout, est d'un bon rapport, sans compter les nourris fort recherchés de la boucherie et l'engrais qui multiplie les récoltes (Laneuvelotte ne compte pas moins de cinq laitiers avec chevaux et voitures qui mènent chaque jour à Nancy leur lait et qui vivent de ce commerce, eux et leur famille). Or, on est bien partagé à Laneuvelotte sous ce rapport. Chacune de nos vallées est arrosée par un cours d'eau et sur les rives on récolte un foin abondant et succulent.
La vallée de l'AMEZULE dont le sous-sol est encore un peu salin, ce qui donne à son herbe une saveur très goûtée du bétail; aussi son excellent foin est-il recherché sur le marché de Nancy. Cette vallée, de quatre à six cents mètres de large, était autrefois gracieusement sillonnée par les méandres de l'Amezule. Mais ces plis et replis si poétiques de notre rivière facilitaient l'ensablement de son lit; aussi, en 1856, on a redressé le tracé de ce ruisseau sur une longueur de trois kilomètres, de sorte qu'il n'est plus, comme par le passé, la vraie limite entre Laneuvelotte et Amance. Toutefois, l'ancien lit avec ses multiples contours est encore visible, surtout l'hiver, il traîne encore de-ci, de-là, son ruban argenté car l'eau semble habituée à son parcours d'antan où elle revient toujours quand elle est en période de crue. Le nouveau lit lui, ressemble à un canal, c'est à croire qu'on réalise le rêve de Don Calmet et de Lepage, ces Messieurs disent, en effet, dans leur histoire de Lorraine que l'Amezule, malgré son peu de volume, pourrait être d'une grande importance en servant de jonction aux deux rivières que sont la Meurthe et la Seille, d'autant que la canalisation, déjà à moitié faite serait des plus faciles. Cependant, l'utilité de ce canal n'est pas démontrée, surtout depuis la construction en 187. du chemin de fer de Nancy à Château-Salins qui côtoie l'Amezule, et qui suffit aux relations commerciales.
Une seconde vallée, moins considérable que celle de l'Amezule, c'est la vallée où se cache à demi Laneuvelotte. Elle est arrosée par le ruisseau de Varincourt qui prend sa source à la fontaine de la ferme de ce nom. Ce ruisseau reçoit les eaux de la côte de la Fête, du bois du Loys où il y avait autrefois un étang assez considérable, et d'une partie du territoire de Seichamps. Auusi, bien souvent, à la fonte des neiges, et plus encore à la suite de violents orages, ce petit filet d'eau se gonfle comme un torrent et inonde même une partie du village. Ces crues n'ont, cependant, jamais nui à nos foins, et l'herbe de cette vallée est de meilleure nature encore que celle des autres prairies.
Deux autres vallées, LA BREHATTE et LA FOLIE, toutes deux arrosées par un maigre ruisseau donnent aussi des foins excellents. Deplus, de-ci, de-là, au pied de tous les mamelons, on a converti en près tous les terrains plats qui reçoivent l'eau des sillons, et, quand l'année n'est pas trop sèche, ces près donnent un foin abondant et succulent. Tels sont les près de VOICHERANDE, de LA GRAVELLE, du GRAND PATURAL, de L'ÉTANG, des BOURGUIGNONS et DU PRE DES PUCES. Les champignons y poussent dru. Quand à l'automne la pluie succède à de fortes chaleurs, ces champignons, les mêmes que ceux que l'on cultive en couche, sont très goûtés des amateurs qui ne craignent pas de se mettre à leur recherche, une lanterne à la main, dès deux ou trois heures du matin.
Au printemps, toutes ces prairies sont irriguées partout où faire ce peut, et les taupinières sont répandues avec soin. Deux fondrières, appelées dans le pays "croleuses" ou "bodères", gâtent deux de nos prairies : "Aux Bourguignons" et à "La Folie". La première est très dangereuse, le bétail ne peut y aborder sans risque de disparaître par le phénomène de l'enlisement; la seconde est moins terrible, toutefois, le bétail n'ose s'y aventurer, et fait bien.
Les prairies naturelles, quoique riches et nombreuses, ne suffisent pas aux cultivateurs de Laneuvelotte. Tous les ans, ils sèment des prairies artificielles en luzerne, trèfle, lupulin (minette) et vesces, mais jamais de sainfoin car la nature du sol ne se prête guère à cette culture;
NOTES
* L'Amezule prend sa source au dessus de l'ancien château des fées, entre Champenoux et Erbéviller, coule de l'est à l'ouest, arrose Champenoux, passe près de la ferme de la Bouzule où il reçoit le ruisseau de Velaine par la vallée de la Bréhatte, sépare les territoires d'Amance et de Laître-sous-Amance de celui de Laneuvelotte, reçoit sur sa rive gauche le ruisseau de Varincourt, passe au dessous de Laître et de Dommartin, reçoit le ruisseau assez considérable de Bouxières-aux-Chênes, à droite, et celui d'Agincourt, à gauche, sépare les territoires d'Agincourt et d'Eulmont, passe à Lay-Saint-Christophe où il alimente une scierie et un moulin, et se jette dans la Meurthe à environ cinq cents mètres en amont du pont de Bouxières aux Dames. A cause de la vanne du moulin, le poisson de la Meurthe ne peut plus remonter le cours de l'Amezule, sinon aux jours de grandes eaux, aussi la pêche y est nulle. On ne trouve dans l'Amezule que des goujons, des ablettes et des blancs; l'écrevisse même a disparu, mais les grenouilles y sont très communes.
* Les orages les plus dangereux viennent du sud. Heureusement, ils sont fort rares. Depuis plus de cinquante ans, on n'a eu que deux fois à constater la grêle : le 13 juillet 1834 et le 16 juillet 1873. Les orages les plus fréquents venant de l'ouest se divisent à Agincourt par l'effet du Pain de sucre, une partie glissant sur Lunéville et l'autre sur Pont-à-Mousson. Le 16 juillet 1874, à dix heures du soir, un orage épouvantable éclate sur une partie du canton de Nancy-sud. Une trombe d'eau s'effondre entre Varincourt et Laneuvelotte, le ruisseau s'enfle encore plus que de coutume, deux ponts de bois sont emportés par le courant puis arrêtés au détour du ruisseau derrière la maison Cabuche; ils font écluse, arrêtent à leur tour tout ce que charrie le torrent : fumier, instruments aratoires branches d'arbres, aussi l'eau monte toujours; huit maisons déjà sont complètement inondées. En l'ancien château, tout un troupeau de moutons va périr; un inondé se souvient qu'il est clairon de pompiers, il sonne à se rompre la gorge. Toute la population est accourue, on veut porter secours : impossible . Une vieille femme est là-bas, toute seule en sa maison, un mètre cinquante d'eau dans sa chambre. Heureusement, les matelas la soutiennent encore à fleur d'eau. Enfin, le salut arrive d'une façon inattendue : le mur du jardin du château cède sur une longueur de quinze mètres, et l'eau s'écoule.
LES VIGNES
Rien qu'un mot des vignes de Laneuvelotte car elles sont peu considérables et, bien souvent, victimes de gelées printanières. Le vin cependant est assez bon, un peu faible d'alcool, mais d'un bouquet fort agréable. Presque toutes les vignes sont un peu négligées, surtout pendant l'été. Faute de bras, on s'occupe des vignes seulement quand les travaux de la moisson le permettent. Des trois petits coteaux plantés en vignes, un seul demeure aujourd'hui.
LES FORETS
Il nous reste à dire un mot de nos forêts. Tout d'abord, nos forêts communales, d'une contenance de 162 hectares 72 ares, ne sont pas sur notre territoire Elles sont situées sur la commune d'Amance au lieu dit " La Voivre". Elles sont plantées en partie de chênes , de charmes, de hêtres, de trembles et de tilleuls. 4 hectares 27 ares de cette forêt forment le quart en réserve, le reste est converti en affouages qui s'exploitent tous les deux ans, et qu'on répartit entre les habitants. Le dernier quart en réserve a été vendu en 1874 pour prix de 5 250 F, le précédent avait vendu en 1844.
Le bois de Voivre appartenait anciennement par indivis aux communes d'Amance, de Laître, de Dommartin et de Laneuvelotte. Cette forêt donna lieu à de très longs procès, aussi, le partage en a été exécuté en 1830. De plus, sur le territoire de Laneuvelotte, il y a encore 60 hectares de bois propriétés privées ou de l'état. ces forêts, de même nature que celle de la Voivre, sont reliées aux grands bois de Feys; forêts magnifiques s'il en fut. Tous les jours, sur la route nationale, on voit partir pour Nancy des chênes, des hêtres de taille et de grosseur fort raisonnables.
LE GIBIER
Toutes ces forêts sont peuplées d'oiseaux et d'animaux de toutes espèces. Dans le feuillage grives, tourterelles, pies, étourneaux, chardonnerets; dans les sous-bois le lièvre, le renard, le sanglier (très abondant) et quelques chevreuils égarés. Aussi, à Laneuvelotte, la chasse est à l'honneur. En plaine, on tue souvent la caille, la perdrix et, plus encore, les lièvres, petits de taille, mais d'un goût exquis. La chasse en plaine est affermée au prix de 210 F, et celle des bois communaux à celui de 80 F. D'ailleurs, presque tous nos propriétaires se sont réservé leur droit de chasse, et Laneuvelotte a toujours eu ses chasseurs indigènes fort habiles à fournir leur broche de lièvres et de sangliers; le citadin, lui, réussit mieux à l'alouette. Par malheur, il y a quelques années, un oiseleur de Nancy avait loué la chasse du grand jardin du vieux château. Chaque matin il venait tendre ses filets, et chaque soir emportait sa charge d'oiseaux de toutes espèces. Ainsi, chaque année, les gais habitants de l'air diminuaient d'une façon inquiétante; aujourd'hui, c'est à peine si l'on voit encore quelques rares pinsons, fauvettes, mésanges. Seules les hirondelles, toujours respectées, et les prolifiques moineaux défendent encore nos jardins contre la vermine de plus en plus envahissante.
USAGES ET COUTUMES
* Un usage religieux a été en vigueur dans cette paroisse jusqu'en 1882. Le jour de Pâques, à trois heures du matin, un grand nombre de fidèles se réunissaient dans l'église au son des cloches pour y chanter les louanges de Dieu. Cette cérémonie s'appelait << LA RESURRECTION >>. L'instituteur entonnait "O filii" que tout le monde reprenait, disait ensuite la prière et terminait ce petit office par le chant du Régina coeli.
Quelques jeunes filles se disputaient l'honneur d'entrer la première à l'église à cette heure matinale et, de peur de n'être pas réveillées assez tôt, plusieurs n'allaient pas se coucher et montaient la garde près de la porte de l'église. En effet, il était de croyance que la jeune fille qui devancerait ses compagnes serait mariée dans le courant de l'année.
* Autrefois, les mariages s'accompagnaient d'usages propres à ce genre de célébrations. Très souvent, ceux-ci trouvaient leurs origines dans des cérémonies burlesques et tapageuses appelées "FEHHNOTTES", "FASSENOTTES", "FECHENATTES" ou "VALENTINES" qui avaient lieu le premier dimanche de Carême.
Après les offices, à la tombée de la nuit, les jeunes gens de la commune faisaient le tour du village en jouant de tous les instruments de musique qu'ils avaient pu trouver : tambour, clairon, cornet à piston, cor de berger, accordéon, couvercle de marmite; cette musique, épouvantable s'il en était, donnait les airs les plus discordants. Quand les curieux étaient rassemblés, les jeunes hommes se partageaient en deux camps, puis, à un signal convenu, tout le monde faisait silence. Un garçon, ordinairement celui dont la voix était la plus forte, criait :
<< J'y dône, j'y dône . >>
Du camp adverse, on lui répondait
<< A qui, à qui ? >>
Le premier reprenait alors en chantant :
<< Paul, ............ >>
<< Par son beau nom, >>
<< Nous lui donnerons >>
<< Marie............. >>
<< Par son beau nom >>
<< Vrai Dieu d'amont >>
<< Nous les marierons >>
Paul, Marie, Charles ou Émilie étaient, bien entendu, les prénoms de jeunes gens du village.
L'autre camp répondait soit :
<< Il l'aura, il l'aura . >>
et l'un d'eux tirait en l'air un coup de pistolet; ou encore :
<< l'aura pas, l'aura pas . >>
et dans ce cas, la musique faisait entendre un des plus beaux morceaux de son répertoire.
Tous les noms des garçons et des filles étaient claironnés afin que chacun participât à ces projets de mariage. Afin de n'oublier personne, la liste des noms avait été préparée dans la journée par quelques bonnes commères qui s'étaient plu à mettre côte-à-côte des noms dont l'appel donnait le fou rire à l'assemblée.
Depuis 1875 les Fehhnottes ne sont plus données. Quant au mariage, le vrai, c'est le plus souvent chez les parents de l'époux que se célébrait le banquet nuptial. La cérémonie religieuse terminée, la mère du marié recevait sa bru à l'entrée de la maison et lui présentait une assiette de dragées et un oeuf, signe de fécondité, la mariée donnait l'oeuf à la personne qui se trouvait le plus près d'elle, c'était presque toujours la fille d'honneur, et distribuait les dragées aux enfants accourus pour les recevoir.
Le lendemain des noces, les garçons invités allaient, avant le jour, porter le vin chaud aux mariés; cette cérémonie burlesque était toujours accompagnée de plaisanteries de mauvais goût. Dans la matinée de ce jour, un service funèbre était célébré pour le repos de l'âme des défunts des deux familles.
* Les bures de la St Jean, accompagnées de chants et de danses, ont été en honneur jusqu'en 1860.
* Quand une femme avait battu quelqu'un en public, on mettait son époux sur un âne, et si c'était l'époux qui avait été battu on mettait un voisin sur la triste monture. Le cavalier était tourné du côté du postérieur de l'animal (âne ou cheval) dont il tenait la queue à la façon d'une bride, et deux individus le soutenaient avec des fourches qu'on lui passait par dessous les bras pendant que les assistants jouaient et chantaient quelques couplets en harmonie avec la scène grotesque.
En 1718, puis en 1755, deux arrêts de la Cour de Lorraine s'élevèrent et interdirent cette pratique; malgré cela, nous trouvons encore des exemples assez récents montrant la survivance de cet usage.
* Comme dans toute la Lorraine, on met encore les abeilles en deuil à la mort de leur propriétaire : on attache sur le rucher une petite croix en étoffe noire.
* Les oeufs du Vendredi Saint qu'on doit manger le jour de Pâques pour être à l'abri des fièvres pendant toute l'année.
* Les oignons du 1er de l'an : avant de partir à la messe de minuit, on prend douze oignons auxquels on donne les noms des douze mois de l'année; on fend ces oignons et on y introduit un peu de sel. Quand on revient de l'office, on les regarde avec soin et, d'après l'état de fusion du sel, on juge quel sera le degré d'humidité de chaque mois (se fait encore).