Elle est par le lieu qu’elle occupe, issue du royaume de Lotharingie. (Le royaume échu à Lothaire, l’un des trois petits-fils de Charlemagne).

On distingua un temps la Haute-Lorraine, la nôtre, celle qui est connue, et la Basse Lorraine ou Lorraine ripuaire.

1 Basse-Lorraine

Elle n’existera politiquement qu’une centaine d’année. Le seul duc qui est universellement connu est Godefroy de Bouillon. Il vendit son château qui existe encore et qui est fort beau, pour partir en croisade.
Il refusa de devenir le premier roi de Jérusalem, par modestie, et mourût au combat peu après la prise de Jérusalem.
Mis à part le fabuleux destin de Bouillon et de son duc, nous ne nous étendrons pas davantage ici sur la Basse-Lorraine.

2 Haute-Lorraine

On parle généralement de la naissance de la Lorraine avec le règne de Gérard d’Alsace.

La Haute-Lorraine allait vivre 700 ans en tant qu’État indépendant. Elle ne disparut comme tel qu’en 1766 avec la mort de Stanislas, beau-père de Louis XV.

Période 1 : le duché de lorraine se créé, il relève de l’empereur germanique

Il existe beaucoup de petits états indépendants. Citons pour l’exemple : les Trois-Évêchés, mais aussi le comté de Salm, le comté de Blâmont, le duché de Bar…..

Le système féodal d’alors est très morcelé…..

Une partie, faible, des habitants habite les bourgs (villes), on les appelle les bourgeois. Le reste, le plus important, habite les villages, on parle alors des villageois.
Mais les villages ne sont pas ceux d’aujourd’hui. La commune n’existe pas, la mairie non plus, pas de pancarte à l’entrée…. On parle de ban, le patron du ban est un seigneur, un noble. Mais au fil des années un certain nombre de bans se morcellent et il n’est pas rare qu’un ban ait plusieurs seigneurs.

2.1 Le système religieux

Celui-ci consiste en un découpage en paroisses, une paroisse c’est une église, un curé, et le plus souvent un village et plusieurs hameaux sans églises… le curé dessert les hameaux, qu’on appelle au mieux succursales…
Il peut exister des dessertes desservies par un vicaire, parfois cette annexe dispose d’une chapelle mais qui n’est pas définie comme une église…. Fiscalement l’impôt dû au clergé est dû au curé de la paroisse
Au fil des ans, les annexes essayent parfois de devenir une paroisse avec son propre curé.
Mais le village maitre lutte contre cette tendance, il n’a pas intérêt en effet à ce que le nombre de villageois qui contribuent à l’entretien de l’église, à son chauffage, ainsi qu’au train de vie de son curé diminue. Certains procès durent 25 ans.
A noter que parfois, en partie ou en totalité, un village a comme seigneur l’évêque, ou une abbaye….
C’est ainsi que l’évêque de Toul ou l’abbé de Senones sont « seigneurs » de plus de cent villages chacun. Un évêché est donc une puissance spirituelle sur tout le diocèse, mais aussi une puissance temporelle sur les villages dont il est seigneur.
Les abbayes en commende sont très mal vues, elles disposent ainsi d’impôts sur un grand nombre de villages, ne rétrocédant aux curés qui font le travail qu’une faible partie….
Dans le système de commande l’abbé (le patron) de l’abbaye touche une somme annuelle fort importante. Parfois il ne loge pas dans l’abbaye, il ne fait qu’en toucher la rente. Un des plus célèbres est le chevalier de Boufflers, enfant illégitime de Stanislas avec Me de Boufflers, qui avait trois abbayes donnés par Stanislas.

2.2 Le système fiscal :

* La religion lève donc des impôts. La justification est que l’église s’occupe des pauvres, on dirait aujourd’hui que ce sont eux qui assurent le social et les écoles. Dans une paroisse existe en général un marguillier, salarié de la paroisse, qui assure : 
o La tenue de l’état civil de l’époque, la tenue des registres de baptême, mariage, sépultures.
o Les chants à la messe, l’examen de recrutement comporte entre autres un test de ses capacités. N’oublions pas qu’il n’existe pas de micros…
o Enfin il est « maistre d escole » des jeunes enfants qui apprennent plutôt bien à lire et écrire (en fait surtout les garçons, les filles sont relativement laissées de côté).
* Les nobles paient l’impôt du sang, au début en tous cas. Ils défendent les territoires contre les invasions, les bandes de pillards etc.
* Seul le peuple travaille et paie l’impôt aux nobles et au clergé.

Remarque : N’oublions pas que même pour un village modeste il peut y avoir plusieurs seigneurs…
A Sommerviller par exemple, on appelle les habitants les « bans caoués » c’est dire habitants du territoire coupé en deux…. Moitié appartient au seigneur de Dombasle et lui payant impôt, moitié au seigneur de Crévic.
À noter qu’à la période la plus ancienne les serfs ne peuvent hériter de la totalité des pauvres biens de leurs parents. Un enfant serf ne pouvait pas hériter du patronyme de son père, seuls les nobles le pouvaient. Le serf n’avait qu’un prénom, donné devant Dieu lors de son baptême, parfois agrémenté d’un surnom non transmissible, « le grand », « le boulanger » etc.… On disait « Nicolas fils de Jean… ». Ce n’est qu’à partir du 16e siècle que les serfs commencèrent à hériter du surnom de leur père… Ces surnoms mirent du temps à se stabiliser, c’est après la révolution et l’apparition des registres d’état civil, avec les directives des préfets de plus en plus normatives que les patronymes se figèrent peu à peu.

2.3 La guerre et la paix

La guerre est le plus souvent le contexte de vie de nos ancêtres. La guerre entraine la famine, le choléra…Les seigneurs se querellent tout le temps, parfois pour des motifs futiles.
Entre le duc de Lorraine de Nancy et ses voisins, duc de Bar, conte de Champagne, duché de Bourgogne, évêque de Toul, évêque de Metz, ce sont des guerres récurrentes. Nous en exposerons quelques-unes dans les chapitres de cet ouvrage….
Les armées n’ont pas de service de ravitaillement. C’est Napoléon qui inventa le « train des équipages ». Les troupes vivent sur le pays, elles pillent, elles brûlent, elles violent, elles tuent…

2.4 La justice

Il existe les seigneurs de basse, de moyenne et de haute justice. Seuls ces derniers peuvent prononcer la peine de mort. Afin d’afficher leur puissance « les fourches patibulaires » se dressent à l’entrée de leur bourgade (Gibet où les condamnés sont pendus).

3 La lorraine ducale 1re partie

C’est ainsi que du règne de Gérard d’Alsace à l’aube de 1477 la Lorraine du Moyen-Âge se passa, émaillée :
* Des départs de chevaliers de tout niveau pour les croisades. Beaucoup ne revinrent pas, ce qui posa des problèmes de succession débouchant sur des régences, des guerres…
* Des guerres étrangères si l’on peut dire, où la Lorraine fut souvent partie prenante, et pas toujours du côté du vainqueur !
- 27 07 1214 Bouvines. Le duc de Lorraine est du côté des vaincus Othon IV le germain et Jean-sans-Terre l’anglais.

- La guerre des caves entre Lorrains et Alsaciens, vers 1218, défaite lorraine.
- Azincourt 25 10 1415 Vainqueur Henri V d’Angleterre, les Français sont battus
- 26 08 1346 Crécy, le roi d’Angleterre Édouard III est vainqueur

- Les effets de bord de la guerre de 100 ans. La bordure sud de la Lorraine est celle du duc de Bourgogne, allié des Anglais, à l’ouest de la Lorraine, le Barrois mouvant subit les attaques des mêmes Anglais.
Le duché de Bar est encore indépendant, ses ducs participent aux croisades, font la guerre contre les ducs de Lorraines, contre l’évêché de Metz…. Et contre des seigneurs du propre duché de Bar comme le seigneur de Pierrefort…
* De guerres intérieure, ou qu’elle provoqua. Citons  le mariage d’Isabelle de Lorraine, fille du duc, avec René 1er d’Anjou, duc de Bar, qui marque le début du rapprochement du duché de Bar avec celui de Lorraine.
René est roi de Jérusalem, roi d’Aragon, de Sicile, comte de Provence, roi de Hongrie….
Mais la succession de Lorraine étant ouverte René 1er s’oppose au comte de Vaudémont, allié des Bourguignons…

La bataille décisive a lieu le 02 07 1431 à Bulgnéville… René 1er perd, est fait prisonnier, emmené à Dijon où le duc de Bourgogne demande une rançon considérable qui ruine son adversaire.
La solution viendra du mariage de René II d’Anjou, petit fils de René 1er, avec la petite fille du comte de Vaudémont.
René II est duc de Lorraine et de Bar, mais voilà que Charles le Téméraire, duc de Bourgogne envahit la Lorraine… Il veut reconstituer la Lotharingie….. Il a besoin d’annexer la Lorraine pour relier ses terres du nord : Belgique, Luxembourg … à la Bourgogne
Aidé des Suisses René II bat le Téméraire sous les murs de Nancy le 05 01 1477.
Cette victoire considérable va asseoir l’existence des deux duchés pour 300 ans.

4 La gloire, la guerre de 30 ans, le déclin avec Stanislas

René II règne jusque 1508, empreint d’une gloire indélébile de par sa victoire sur le Téméraire. La période qui suit est une riche période pour la Lorraine.
Son fils Antoine le Bon lui succède, puis François 1er son petit-fils, enfin Charles III dit le Grand qui décédera en 1608. Celui-ci, contemporain d’Henri IV, futur roi de France, avait les mêmes droits que lui pour succéder au dernier des trois fils de Henri II, roi de France, décédé en 1559, et son dernier fils Henry III d’Angoulême en 1589.
Charles III a lancé la construction de la Nouvelle-Ville de Nancy, et l’a entourée d’une ligne de fortification des plus modernes en Europe. La Lorraine est riche, le peuple n’a jamais été aussi heureux…..
En 1590 la lutte pour la succession du roi de France est ouverte. Henri de Bourbon a une armée moins puissante, et sa religion protestante est un gros handicap. Mais il est extrêmement malin. Il demande aux princes protestants allemands de rentrer en Lorraine et d’attaquer notre Henri III, ce qu’ils firent. Ils assiégèrent Lunéville puis la belle place forte de Nancy qu’ils ne purent prendre.
Mais pendant ce temps Henri de Bourbon vint mettre le siège devant Paris et gagna le gros lot en se convertissant. Ainsi Henri III de Lorraine ne fut jamais roi de France, ce qui eut changé le destin de la France et de la Lorraine.
Le fils d’Henry IV de Bourbon Louis XIII, envahit la Lorraine, tua pour ne pas dire extermina plus de la moitié des habitants, brûla les villages et les villes, démonta les châteaux….
La suite ne fut qu’une lente descente aux enfers pour la Lorraine dévastée, sans armée, autorisée à survivre sous la tutelle de l’armée de l’occupant dirigée par un gouverneur sans pitié.
Le dernier acte fut l’abandon de la Lorraine par François, son dernier duc, à qui on fit miroiter en échange le duché de Toscane, dont la duchesse était Marie-Thérèse de Habsbourg, qui était en capacité d’hériter de l’Empire d’Autriche. Stanislas lui succéda avec l’accord des Français, le contrat prévoyant qu’à la mort de Stanislas le duché deviendrait français.
Stanislas mourut en 1766, la Lorraine disparût…..

5 La petite patrie et la grande patrie...

Assez curieusement, les Lorrains s’accommodèrent assez vite de cette nouvelle situation…. La révolution apporta tellement de nouveautés que la nouvelle génération qui n’avait pas connu le duc de Lorraine se prit à aimer à la fois sa petite patrie, la Lorraine, et sa grande patrie, la France.
La Lorraine fournit plus que son contingent de volontaires pour les guerres de la Révolution puis pour les guerres de l’Empire.
Nombre d’officiers supérieurs de la Grande-Armée étaient Lorrains.
Bref en 1815 la Lorraine est complètement et de plein droit une province française.

Devenue le glacis sur lequel des guerres de 1870, de 1914 et de 1939 pendant lesquelles les armées étrangères vinrent heurter nos propres soldats, elle se couvrit de lieux glorieux et de cimetières.
Reischoffen, le Grand-Couronné de Nancy, Verdun, Les Éparges, du Bois Le Prêtre…. vinrent s’ajouter aux noms de La Mothe, de Nancy
De nouveaux héros vinrent s’inscrire dans nos rues, nos places, nos livres d’école : Drouot, Duroc, Ney, de Castelnau, Lyautey, Driant, Mangin, Poincaré…