Carnet de Marche de DUPERY Jules
né le 24/12/1891 à Courbesseaux
26e d’Infanterie
7e Compagnie
2e section
6e escouade
Classe 1911
Nancy
Meurthe-Moselle
Carnet de route
30 juillet 1914 – 26 août 1914
Jules DUPERY est né en 1891, il est donc de la classe 1911, et comme beaucoup de jeunes lorrains il est soldat au XXe Corps, et plus particulièrement au 26e RI, un des régiments de Nancy. Ce régiment jumelé avec le 69e RI forme l’une des deux brigades de la 11e Division d’Infanterie, la Division de Fer de Nancy. Après la bataille de Morhange cette division va écrire l’une de ses pages de gloire au Léomont et Friscati, entre Lunéville et Crévic, mon village natal.
Merci à Monique SELLIER et à Solène DUPERY sa petite fille, épouse de Philippe, l’arrière-petit-fils de Jules DUPERY, de m’avoir permis de relever ce carnet de route et de le publier. Ce témoignage rejoint sur bien des points ce que mes grand-parents me racontaient sans cesse sur la bataille de Lorraine.
Pour les jeunes générations, si la lecture de ce carnet vous a passionné, regarder les autres chapitres du site wwww.grandcouronne.net et aller visiter le musée de Friscati juste avant Lunéville, sur la vieille route venant de Dombasle, 500 mètres après Vitrimont.
Jean-Marie PÉRETTE
Jules DUPERY est l’exemple même d’un jeune homme de nos villages lorrains engagés dans la tourmente. Il a 20 ans en 1911, il fera son service juste avant la guerre, et poursuivra immédiatement par la guerre, la vraie. Né à Courbesseaux, là où une première grande nécropole militaire naitra après la guerre, il connait tous ces villages des alentours. En tous cas ceux qui sont côté français de la frontière. La guerre débutera pour le 26e RI dans les villages autour de Laneuvelotte Champenoux où la guerre fera naitre une première nécropole lors des combats du Grand-Couronné. Les premiers jours le gouvernement français a interdit à nos troupes d’approcher à moins de 8 km de la frontière de l’époque, de peur que les Allemands ne nous mettent sur le dos le moindre incident de frontière. La guerre officiellement déclarée, cette limitation disparaitra. Après le recul devant Morhange Jules recule par Haraucourt, il verra brûler Crévic à l’est, il verra la confrontation des civils avec des soldats qui pour certains se sont débandé. Il y a « les nôtres », ceux du XXe Corps, du IXe Corps de Poitiers, et « Les autres » du sud-est qui hériteront d’un surnom bien peu flatteur. (Dombasle c’est tout près du village de Jules, le 26e RI passera sur ordre de l’autre côté de la Meurthe où il se reformera en 24 heures avant de revenir au combat).
Le recrutement est régional à l’époque. On ne dit pas le 26e Ri, on dit le 26, tout le monde sait que c’est LE régiment de Nancy. Servir au 26 c’est bénéficier d’un grand prestige. A Léomont-Friscati Jules va se battre sur une terre gorgée de sang. La ferme des Œufs-Durs, c’est le PC du XXe Corps de Foch. Friscati sera après la guerre la troisième Nécropole de ces immenses combats de 1914 autour de Nancy.
C’est dire que Jules est l’archétype du paysan lorrain qui se bat dans son pays, ses villages, ses champs. Les régiments lorrains seront parmi les meilleurs de la guerre, c’est Foch qui le dira. Ils savent pourquoi ils se battent, pour récupérer l’Alsace Moselle dont sont issus nombre d’entre eux, mais aussi pour que les Prussiens et Bavarois de sinistre réputation depuis 1870 ne tuent les civils de tous âges, ne prennent des otages, ne brûlent les villages, et ne s’en prennent à leurs femmes et leurs enfants pris dans la tourmente. En quatre semaines de guerre Jules va traverser en tous sens des dizaines de villages qui vont être ravagés, détruits…. Lisez ce qu’a écrit Maurice BARRES : « La Lorraine dévastée ».
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