Maréchal Lyautey

Dernier Prince Lorrain

Ses ancêtres de Crévic descendent comme moi de François MALCLERC, anobli par le duc Antoine de Lorraine en 1528. En remontant plus haut, on peut noter que François MALCLERC descend de Thiébaut 1er de BAR et de Ferry 1er de LORRAINE. C’’est dans ce sens que l’on peut dire que LYAUTEY est le dernier prince Lorrain. Ses obsèques furent d’ailleurs dignes des ducs de Lorraine. Corps exposé au palais ducal, présence de tous les généraux de la 1re guerre mondiale, du sultan du Maroc, et de nombreux officiels étrangers.


1 Racines

Hubert LYAUTEY est né à Nancy le 17 novembre 1854.

> Sa mère, Charlotte Grimoult de Villemotte est née en 1832. Elle est issue de la famille qui fut seigneur de Crévic depuis des temps immémoriaux. La famille a dans ce village une très belle demeure entourée d’un grand parc sur la rivière Sanon, avec un moulin datant lui aussi des temps des seigneurs. Les villageois appellent cette belle et neuve maison « le Château ». Cette famille est très respectée dans le village ci-dessusi. Charlotte est issue par sa mère des DE LA LANCE et des MATHIEU de DOMBASLE, deux familles qui étaient en pointe dans la modernisation du monde agricole :
* Les DE LA LANCE revendent certaines terres en parcelles plus petites facilitant l’accès à la terre des agriculteurs. Cela leur permet d’avoir dans le temps des surfaces suffisantes pour se développer.
* Les MATHIEU de DOMBASLE pour avoir notamment donné naissance au fondateur de l’école d’agriculture de Roville et inventé la charrue moderne.

> L’arrière-grand-père d’Hubert Lyautey, Pierre Antoine LYAUTEY, était Ordonnateur des Armées du 1er l’Empire.
> Son grand-père, Hubert Joseph LYAUTEY, était général de Division dans l’artillerie. Il fut sénateur d’Empire ensuite.
> Son père, Léon Just Emile, né en 1821, est ingénieur du Génie rural. Polytechnicien, c’est lui qui a construit le canal de la Marne au Rhin depuis le pont de Malzéville jusque Strasbourg et le Rhin.


2 Naissance & enfance


Le hasard fit que le canal en construction passe par Crévic, mon village natal, et où mes ancêtres habitent depuis 500 ans.
Forcément la route du « patron » du canal croisa celle du châtelain du village, qui était un gros propriétaire terrien, mais également le « patron » du village, même si le maire du village avait son rôle à jouer.
Notre ingénieur croisa le regard de Charlotte GRIMOULLT de VILLEMOTTE, il ne s’en détacha plus.
Le mariage se fit le 10 janvier 1854 à Nancy, Hubert Lyautey naquit le 17 novembre 1854 à Nancy.
La famille de Charlotte possédait l’actuel hôtel de la Reine. Lors de la construction de la place Stanislas, cet hôtel fut construit par les DE LA LANCE, seigneurs de Crévic, mais aussi très très proches de Stanislas le roi de Pologne devenu duc de Lorraine.
L’existence d’Hubert Lyautey se partageait donc entre Crévic et Nancy.

1856 : nourrisson, dans les bras de sa nourrice, le très jeune Hubert assista au défilé place Stanislas organisé en 1856 en l’honneur de la naissance du prince Impérial. La nourrice se tenait à l’étage, à la fenêtre donnant sur l‘actuelle rue Lyautey, au numéro 10. Le nourrisson lui échappa des bras. Sa chute fut ralentit par l’épaule d’un cuirassier qui se trouvait à l’aplomb, mais le petit garçon fut durement touché à la colonne vertébrale.
Il fut soigné de ce fait pendant des années, porta même un corset de fer, fut opéré, mais il se remit.
Ces années de patience, il les mit à profit pour lire des océans de livres, il acquit ainsi un niveau de connaissance au-dessus de la moyenne.
À force de courage, de gymnastique, il revint à un niveau de santé satisfaisant et devint un cavalier émérite.
Lors de ses vacances à Crévic, il forme et commande « l’armée de Crévic ». Il l’emmène dans des expéditions mémorables affronter « l’armée de Sommerviller » qui est régulièrement battue.
Son meunier à Crévic est Joseph ROYER, mariée à Laurence PÉRETTE, mon arrière grand-tante du côté paternel.
* Leur fille Marie se mariera à Jules HENRIOT, mon grand-père maternel.
* Leur fils Charles, né en 1865, adjoint au maire de Crévic en 1914, se comportera héroïquement face aux Allemands qui envahissent le village, brûlant, tuant. Il fut lui-même mis deux fois le même jour devant un peloton d’exécution.

1866 : le baron Buquet, maire de Nancy, accueille l'Impératrice Eugénie et le prince impérial âgé de 10 ans, pour la célébration du centenaire du rattachement de la Lorraine à la France. Une fête grandiose fut donnée place Stanislas, sous les fenêtres de l’hôtel de la reine. Chaque village de la Meurthe a été convié et invité à envoyer une délégation, accompagnant un charriot décoré, on dirait un char aujourd’hui, représentant le village. Pour nombre de villages, la délégation comprend des anciens soldats du 1er Empire, qui ont remis leur uniforme d’époque, leurs médailles etc. Ce fut un moment intense d’émotion de voir ces anciens Grognards saluer l’Impératrice et le jeune Prince comme leur Souverain…. Ces vétérans portent bien sûr la médaille de Sainte-Hélène mise en place par Napoléon III dix ans plus tôt, pour récompenser les vétérans encore vivants….

1864 : Lyautey est à peu près remis, il va entrer au lycée impérial de Nancy. (Lycée Poincaré).

1867 : naissance de sa sœur Blanche. Peu après il rejoint le lycée de Dijon où son père vient d’être muté. C’est là qu’il verra les Prussiens arriver en 1870….

 

3 Officier


1872 : Arrivé à l’âge du bac, qu’il obtint brillamment, il résiste à la pression familiale qui le pousse à faire Polytechnique, et rentre à Saint-Cyr. Il en sortira 29e sur 251. Hubert Lyautey est admis à l’École d’État-Major. Il est reçu 10e sur 24.

1877 : il est nommé lieutenant le 31 décembre.

S’ensuit une vie de garnison dans différents régiments de cavalerie qui ne le passionnent guère.


1880:  il part pour une unité en Algérie. Il en profite pour apprendre l’arabe. Il passera capitaine au choix en 1882, à 28 ans. Il revient à Bruyères, puis à Châlons-sur-Marne. Le général L’Hotte le prend avec lui pour de longues tournées d’inspection.

1887 : nommé capitaine-commandant au 4e Chasseurs à St-Germain-en-Haye.

1891 : Hubert Lyautey fait paraître dans la Revue des Deux Mondes un article écrit de sa main, mais non signé (car l’officier est en activité de service), au titre évocateur : « Du rôle social de l’officier dans le service militaire universel ». À une époque où les officiers de cavalerie connaissaient le pedigree de leur cheval mais pas le nom de leurs hommes, à une époque où les soldats n’avaient pas de cantine, pas le droit de donner un avis, l’article fit l’effet d’une bombe, et Lyautey passa pour un dangereux révolutionnaire. N’empêche que cet article est encore regardé aujourd’hui comme un modèle dans certaines écoles de management.

1893 : Lyautey est cependant nommé chef d’escadrons à Gray. L’équivalent de commandant de bataillon dans l’infanterie. Puis il rejoint l’État-Major de la 7e Division de Cavalerie à Meaux.


4 Sous les ordres de Gallieni


4.1 Le Tonkin


1894 : Lyautey a demandé à partir en Indochine. Il rejoint l’état-major des troupes du Tonkin. À Hanoi, au mois de novembre 1894, Lyautey occupe les fonctions de chef du 2ème bureau de l’état-major et a donc autorité sur les quatre provinces du Tonkin. Celles-ci à l’époque sont infestées de bandes de pirates chinois, avec qui lesquelles gouvernement français est en négociation.
Le patron là-bas, c’est le colonel Gallieni, un très grand bonhomme. Celui-ci lui fait confiance, l’amitié suit. Lyautey va parcourir tout le pays, administrer, construire…. C’est Gallieni qui lui enseigne : « Il faut gouverner avec le Mandarin et non pas contre le Mandarin ». Lyautey en fera sa doctrine.


4.2 Madagascar


* 1897 : Gallieni est nommé à Madagascar où cela va très mal…. Il appelle Lyautey à ses côtés…. « Kommen Sie, maulen » (« Venez, vite »).
Là aussi les deux hommes feront un travail mémorable de pacification. Toujours avec le même principe.
À noter que c’est ce même général Gallieni, en retraite en 1914, rappelé au service comme gouverneur de la place de Paris, qui se rendit célèbre en réquisitionnant les taxis de la G7. C’est avec ces taxis entrés dans la légende que quelques milliers de fantassins se portèrent contre l’aile marchante des armées allemandes au nord-est de Paris. Lyautey travaillera au total sept ans avec le général Gallieni.


5 Général

 

* En 1903 :  il revient en France. Il rédige différents textes, puis il accepte le commandement du 14e Hussards à Alençon.
Peu de temps après il rejoint les confins du sud Algérien, dans le désert, le long de la frontière du Maroc. Bien sûr si on l’envoie c’est que cela va mal…. Il est nommé général de brigade. Il créé une ligne de petits postes pour assurer la sûreté des voies de communication, le commerce ne pouvant se développer que dans cette paix. L’objectif à plus long terme est d’obtenir un protectorat sur le Maroc. Pour l’instant et pour réussir dans l’immédiat il créé des goums, des troupes de combattants formés d’aborigènes. La coopération toujours…. Ces goums feront à nouveau merveille en 1944 lors de la libération de la Corse, en Italie, et lors du débarquement en Provence.
Lyautey créé des marchés dans les oasis, des embryons de ligne de chemin de fer…. Construire, administrer, toujours…
Au cours de ces mois d’activité et de voyage à travers le sud Oranais, Hubert Lyautey retrouve le père Charles de Foucault, ancien chasseur à cheval de ses ami devenu ermite. Cet officier qui avait brûlé la vie sous toutes ses formes vingt ans avant vit ici comme un saint homme, il va beaucoup marquer Lyautey… Ce saint homme fut assassiné des années plus tard par des brigands locaux.

* 1906 : Clémenceau arrive au pouvoir. Il est loin d’être un partisan de toutes ces opérations de colonisation. Il finit par faire confiance à Lyautey qui obtint la division d’Oran et sa troisième étoile. Lyautey tient le pays mais au Maroc les incidents se multiplient…..

* 1908 : Clemenceau convoque Lyautey. A priori il va le retirer pour le nommer à Perpignan. Mais la clarté des exposés de Lyautey sur la situation au Maroc retourne Clémenceau qui l’envoie en mission à Casablanca auprès du général d’Amade. Mission d’inspection.

* 1909 : mariage à Paris avec Inès Fortoul, veuve du colonel Fortoul, mère de deux enfants. Inès dirigeait une équipe d’infirmières de la Croix-Rouge en Afrique du Nord.

* 1911 : Lyautey est nommé général du Corps d’Armée de Rennes.


6 Résidant Général au Maroc


* 1912 : le gouvernement Poincaré signe un Protectorat avec le Maroc ce qui provoque l’insurrection d’une partie de la population. Lyautey, qui pensait à un poste en Lorraine en vue de la guerre prévisible avec l’Allemagne, est nommé premier Résidant Général au Maroc
Arrivé à Casablanca le 13 mai 1912, Lyautey, qui s’est attaché les services du colonel Gouraud, est contraint de faire face à une situation préoccupante. Il doit gagner Fez, la ville encerclée et qui menace également de s’insurger, il lutte bientôt avec ses hommes contre les 20.000 assaillants, pied à pied dans la Médina. L’aide de Gouraud, qui sera bientôt nommé général, lui est précieuse. L’officier français choisit d’implanter ses troupes dans les régions littorales et stratégiques. La conquête du Maroc intérieur, reste à faire.
Le 12 mai 1912, Moulay-Youssef devient sultan. Celui-ci est un atout pour le Résident général, qui songe en effet à s’appuyer sur son autorité et sur l’Islam afin de gouverner conjointement le pays. Le souverain entreprend un voyage triomphal qui le mène dans les principales villes du Maroc. Lyautey reçoit les principaux chefs de guerre, dans son palais du Dar Beida, leur exposant ses projets de développement futur. Pendant les deux années qui suivent et grâce à des officiers de valeur (qui ont pour nom d’Espèrey, Mangin, Gouraud, Henrys...), la pacification progresse, la diplomatie se substituant de plus en plus aux moyens militaires.
Rabat est choisi comme capitale et Lyautey décide de créer un grand port à Casablanca.

* Auréolé de cette réussite incontestable et jouissant à présent d’un grand prestige dans l’opinion, Hubert Lyautey est élu à l’Académie française, le 12 novembre 1912. L’année suivante, le 30 septembre, à Rambouillet, il est décoré de la Grand-Croix de la Légion d’Honneur, des mains du président de la République Raymond Poincaré. Le 27 juillet 1914 cependant, le ministre de la Guerre Adolphe Messimy lui donne l’ordre de rapatrier vers la France la quasi-totalité des troupes française et indigènes présentes sur le territoire marocain.
C’est le début de la guerre en Europe, la Mère Patrie a besoin de tous ses enfants.
* L’ordre donné lui prescrit également d’abandonner rune bonne partie du Maroc et de ne garder que certaines villes côtières. Lyautey envoie le nombre de bataillons demandés et même un peu plus. Mais il garde pratiquement tous les territoires qu’il contrôlait. « Montrer sa force pour ne pas avoir à s’en servir ». Tous les jours, ici et là, il fait défiler tous ses soldats dans les rues. Y compris les cuistots et autres militaires n’ayant pas vocation à se battre.
Plus tard la métropole lui enverra des réservistes ou des territoriaux pour les substituer aux soldats « d’active ».
* Lyautey avait espéré que Joffre l’appellerait auprès de lui mais cela n’arriva pas. Lyautey souffre aussi de savoir que son château de Crévic a été brûlé volontairement par les Bavarois. Heureusement sa famille s’est sauvée in extrémis la veille en fin d’après-midi. Après une halte chez la famille de Ravinel à Sommerviller, sa famille réussira à prendra à Dombasle-sur-Meurthe le dernier train qui partira pour Paris en fin de journée le 21 août.
* L’hiver suivant Lyautey passera à Crévic voir ce qu’il restait de son château, du mobilier, des papiers de famille…. Il ne reste rien… seules les quatre statues de Guibal qui étaient dans le parc ont échappé au feu et aux obus. La bibliothèque a échappé aussi à la guerre, Lyautey l’avait emmenée avec lui au Maroc….. des milliers de livres…
* Au mois de juillet 1915, le Résident général est en France, sur le front, où il visite la division marocaine. C’est l’occasion pour lui de critiquer avec vigueur la manière dont la guerre est menée. Hubert Lyautey dénonce ainsi les offensives à répétitions qui saignent l’armée française. Il faut selon lui être plus économe des hommes.
* Madame Lyautey parcourt les hôpitaux où sont soignés les troupes venues du Maroc. Son expérience de responsable de la Croix-Rouge lui donne autorité en la matière. Elle continuera d’ailleurs en 1940.
* Le 10 décembre 1916, Aristide Briand fait appel à lui pour le ministère de la Guerre du nouveau cabinet dont il est le président. Lyautey ne pose qu’une condition, le laisser choisir le généralissime. Il revient en bateau, échappant aux sous-marins allemands qui, connaissant sa valeur, ont pour objectif de couler son bateau.
Il passe par l’Espagne dont il connait le roi pour tenter de rapprocher davantage son pays avec les alliés. En arrivant le 22 décembre 1916 à Paris le mal est fait, le gouvernement a nommé Nivelle. Dès son arrivée Nivelle lui annonce qu’il a conçu un plan d’offensive au Chemin des Dames.
Ayant pris connaissance des plans de l’offensive prévue le 16 avril, Lyautey trouve que l’on va un désastre. Après avoir averti Poincaré, Briand et Nivelle de ses craintes, il se voit répondre que tout ceci n’est pas de son ressort.
* Ainsi Lyautey se rend compte qu’on l’a placé en fait au centre d’une combinaison politique, la seule ambition de BRIAND étant de garder sa place.
* Lyautey démissionne. Reconduit dans ses fonctions de Résident général au Maroc, il est de nouveau à Rabat au mois de mai 1917


7 Les châteaux de Crévic et Thorey


Le château dévasté par la guerre n’a pas vraiment été reconstruit. Il était jusque-là la propriété en indivision notamment du Maréchal et de son frère le colonel Raoul Lyautey.
La reconstruction de Crévic, nécessitait d’abord d’évaluer les pertes de guerre. La plupart des habitants n’avaient pas les moyens de reconstruire leur maison détruite.
***
La famille Lyautey régla deux problèmes d’un coup : la sortie de l’indivision et la reconstruction :
* Le Maréchal construisit un château à Thorey, contre la maison de sa tante Berthe, cette maison disposant d’un vaste parc. Ainsi Lyautey passa sa retraite au pied de la colline de Sion qu’il aimait tant. Le château comprenait un appartement en style marocain, réalisé par des artisans de ce pays, appartement destiné à recevoir dignement la famille régnante. Devenu patron de tous les scouts, le Maréchal accueillait des troupes tous les étés dans le parc. Ultérieurement un musée du scoutisme fut aménagé dans le château.
De nos jours ce château est la propriété de la Fondation LYAUTEY
* Le colonel garda Crévic. Le château ne fut pas refait mais un nouvel ensemble fut construit à la place des anciens communs. C’est une vaste demeure qui peut accueillir largement les descendants et leur famille à la belle saison. Le parc a gardé toute sa splendeur. La famille garda son rôle de modèle social. Le parc accueillait comme à Thorey des troupes de scouts durant l’été. Cette coutume perdure encore de nos jours.
* Entre les deux guerres Mlle LIÉGEY, gouvernante de M le curé, y conduisait les filles et jeunes filles pour des activités diverses. M le Curé y allait une fois par semaine dire la messe au Château, il était toujours retenu ensuite pour prendre un petit déjeuner. Rappelons qu’à l’époque il fallait être à jeun pour communier. Bref la famille Lyautey participait et facilitait la vie sociale dans le village. Rappelons qu’à l’époque il n’y avait pas de foyer rural, pas de salle polyvalente, et que le seul lien social qui existait se développer dans les nombreux cafés du village.
* Après Madame Raoul LYAUTEY, sa fille Madame de KERRAOUL prit la suite dans cette activité, puis la fille de Me de KERRAOUL devenue Me Pierre TOUSSAINT. De nos jours c’est à nouveau sa fille, Thérèse, épouse de M. Xavier MERSCH, qui ont repris cette demeure et qu’ils l’animent en y recevant leur nombreuse famille et des amis. Ils poursuivent également volontiers à participer aux activités du village. Par exemple en 2014 les cérémonies liées au centenaire de la bataille de Crévic.

 

8 Le retrait


* La guerre finie, Lyautey qui a 64 ans songe à prendre sa retraite. Il est très marqué par la perte de proches de sa famille. Les gouvernements français préfèrent le garder au Maroc. Il y poursuit son œuvre, faisant monter en responsabilités de jeunes cadres marocains qui doublent les cadres européens. Il milite pour le maintien du sultan (le « mandarin »), et insiste pour l’on prenne comme cible l’indépendance du Maroc, en prenant tout le temps nécessaire pour que la transition se fasse correctement. Il résiste d’ailleurs à faire du Maroc une colonie de peuplement comme on le fait en Algérie.
* Élevé en 1921 à la dignité de maréchal de France, il fait aussi l’objet de la sollicitude du peuple marocain, quand, au mois de février 1923, de violentes douleurs au foie, l’obligent à demeurer alité, entre la vie et la mort. Des prières publiques sont alors prononcées en son honneur.
* Après deux interventions chirurgicales en France, le Résident général apparaît fatigué. Malgré la venue au pouvoir de ses amis Paul Deschanel et Alexandre Millerand, tous deux élus successivement aux plus hautes fonctions de l’État, il voit ses troupes militaires diminuer en effectif. On refuse de revenir sur cette décision.
* En 1925, le gouvernement envoie Pétain en inspection.
* Le Résident général est d’ailleurs dessaisi du commandement supérieur des troupes au Maroc le 22 août 1925. Il sent l’heure venue pour lui de quitter le Maroc et adresse à Painlevé et une lettre de démission un mois plus tard. Embarqué à Casablanca sur un paquebot d’une ligne régulière, seuls des torpilleurs anglais et espagnols rendront au maréchal de France les honneurs dus à son rang et à l’ampleur de son œuvre... Pauvre Cartel des gauches, pauvre état-major.
* Arrivé à Marseille, aucun officiel pour le recevoir. Heureusement qu’il y avait quelques formalités de quarantaine, ce qui permit à un officier subalterne du XVe Corps d’Armée d’arriver, bredouillant que le général commandant le XVe Corps avait un empêchement.
* Rappelons que le XVe Corps est particulièrement connu par le fait qu’une de ses deux divisions s’est débandée devant Morhange en août 1914, reculant plus que précipitamment, entrainant le recul de la 2e Armée. On dut même envoyer des éléments du XXe Corps de Nancy, l’équivalent d’une brigade, pour attaquer le flanc des Bavarois qui poursuivaient très fort au niveau de Flainval Crévic. Ceci afin d’éviter à la queue du XVe Corps de se faire massacrer. C’est ainsi que Crévic fut pris sans que le XVe Corps combatte, le village brûlé avec des pastilles incendiaires, avec son château… Les Bavarois étant fort dépités de ne pas avoir pu prendre la famille, sans que l’on puisse dire que c’est pour cela que le village a été brûlé, ils avaient commencé à tuer et à brûler dès l’entrée du village, le château étant le dernier immeuble à la sortie du village… sortie que les incendiaires bavarois n'atteignirent que plusieurs heures après avoir brûlé la première maison, celle de mon arrière-grand-oncle COLIN, car la compagnie du 37e RI du 20e Corps résista dans le village tant que l'ordre de repli ne lui fut pas donné, pour permettre au régiments du 15e Corps de se retirer....


9 La retraite - Thorey


* De retour en France, Hubert Lyautey s’installe dans son château lorrain tout neuf de Thorey. C’est là qu’il reçoit, le 18 juillet 1926, la visite du sultan du Maroc. Le Maréchal s’investit également dans la vie locale et provinciale de cette terre qui lui est chère, étant membre de la Chambre de commerce de Nancy, présidant à de multiples œuvres. Le grand agnostique retrouve d’ailleurs la foi et communie dans l’église de Thorey le jeudi saint de l’année 1930.
* Il monte une équipe de foot avec les garçons de Thorey. Le curé se plaint que les culottes courtes que portent les jeunes gens sont bien courtes. Le Maréchal demande et obtient sa tête à l’évêché.
* Lors de la fête au village il sort dans l’après-midi sur la modeste fête du village, donne l’ordre aux forains de donner quelques friandises à tous les enfants et de laisser le manège ouvert. Son officier d’ordonnance règle tout. Le Maréchal disposait de deux officiers dont l’un sera gouverneur militaire de Paris


10 L’exposition coloniale


* 1927 : Poincaré le nomme commissaire général de cette gigantesque manifestation, le 27 juillet 1927. Cette exposition doit se tenir à Paris porte Dorée sur 1929 1931.
* Ce projet d’envergure l’occupe au cours de ces années. Cette exposition sera une cartographie de l’immense empire que possède la France. Ces pays de tous les continents sont forts divers par leur climat, leur végétation, leurs populations, leurs productions agricoles ou autres…
* Le carnet d’adresses de Lyautey lui ouvre toutes les portes, sa connaissance de l’Empire fait de lui un interlocuteur compétent, d’autant plus que Lyautey a une culture immense.
* Le but était de faire connaitre aux Français ces cultures issues d’autres continents. L’exposition est un immense succès, qui est aussi celui du maréchal. Enfin ce dernier peut recevoir le témoignage massif de l’estime que lui portent ses contemporains.

Le maréchal Hubert Lyautey s’éteint le 27 juillet 1934, à Thorey. Après une messe célébrée dans l’église du lieu, son corps est déposé dans le caveau des ducs de Lorraine, à l’église des Cordeliers de Nancy, et veillé par des officiers de l’armée française, sabre au clair. (Dont les 2 fils de la Maréchale).
* Des milliers de Lorrains défilent, notamment un grand nombre d’habitants de Crévic.
* Des obsèques nationales sont ensuite célébrées. Le cortège parcourt les rues de Nancy où les troupes canalisent le cortège… Place Stanislas ce sont les discours des puissants du moment. La famille régnante du Maroc est là, elle est venue jusque Thorey les jours précédents. On les distingue bien sur la place Stanislas avec leurs burnous blancs, accompagnés d’une escouade de guerriers à cheval en tenue d’apparat.
* Un an plus tard, suivant ses vœux et ceux du sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, le cercueil du maréchal Lyautey, après avoir traversé la Méditerranée escorté par une escadre internationale de plus de trente navires de guerre, est inhumé à Rabat, dans un mausolée construit près du parc de la Résidence. Depuis le 10 mai 1961, son corps repose dans la chapelle de l’Hôtel des Invalides, à Paris.

 

11 Thorey aujourd’hui


Le village de Thorey s’appelle Thorey-Lyautey. Le château est devenu un musée. Ce château-musée est meublé comme à l’époque du Maréchal, on y trouve :
* L’appartement style marocain qui est unique en France
* Le musée du scoutisme
* La bibliothèque du Maréchal, 20.000 livres. Elle a échappé à l’incendie de Crévic en 1914 car elle était au Maroc à cette époque.
* Les salles de réception.
* Des trophées et cadeaux reçus par le Maréchal de différents pays
* Le parc
* Attenant au château la grosse demeure de la tante Berthe, transformée en restaurant, où les groupes de visites peuvent se restaurer à la belle maison. Bien sûr il est possible de s’y marier ou l’utiliser pour des séminaires d’entreprises.
Voir à ce sujet le site de l’Association Nationale du Maréchal LYAUTEY
http://www.lyautey.mosaiqueinformatique.fr/
Enfin au cimetière du village on trouve la tombe de la Maréchale.



Décorations :

* Grand-croix de la Légion d'honneur
* Croix de guerre 1914-1918
*
* . http://toutsurlheraldique.blogspot.fr/2014/06/armorial-de-lorraine-francois-malclerc.html


 Bibliographie


* Souvenirs de Laurent PÉRETTE mon père.
* JMO des régiments de la 11e Division, XXe Corps.
* JMO des régiments du XVe Corps
* Souvenirs de la prise du village de différents anciens :

* Notes du Lieutenant-colonel Raoul Lyautey, frère du Maréchal, commandant le 3e Régiment de Hussards de Senlis en 1914.
* Notes de Roger Vittu de Kerraoul, gendre de Marie-Thérèse Lyautey, sœur du général, polytechnicien, artilleur au 38e RAC qui passe à Crévic le 21 août 1914 en rentrant de Dieuze où son régiment s’est illustré. Sa batterie va stationner devant le Léomont pendant la bataille pour reprendre Lunéville.
* Notes de:
* mon grand-père Charles PÉRETTE né en 1881, maire de guerre pendant la seconde guerre, présent à Crévic le 21 août 1914
* Auguste DARMOIS, instituteur retraité à Crévic, présent à Crévic le 21 août 1914.
* Marie SIMONIN née en 1903, présente avec son frère et sa mère à Crévic en août 1914
* du curé NOËL présent à Crévic le 21 août 1914
* de mon oncle Léon PÉRETTE, né en 1908, qui était sur le char-à-banc qui quitta Crévic le 21 août 1914 en fin d’après-midi.
* De ma grand-mère Augustine HENRIOT, née en 1914, qui habitait Sommerviller en 1914
i Un exemple qui me tient cœur de la noblesse d’âme de la famille LYAUTEY. En 1866, le grand-père de ma grand-mère paternelle, Jean-Baptiste COLIN, âgé de 46 ans, meurt écrasé par la charrette de pierre qu’il est allé chercher aux Pierres-de-Châlin, pour construire une écurie contre sa maison. Il laisse quatre enfants, l’ainé, Édouard, a quinze ans. La veuve comme c’est toujours le cas, ne dispose d’aucune pension, capital décès etc. Le château va l’embaucher comme lavandière et Édouard comme garçon d’écurie. Rapidement il sera « muté » à Thorey où la tante Berthe a une grosse maison et où il sera plus utile. Lorsque, après 1918, le maréchal élira domicile à Thorey et y construira le château actuel contre la maison de la tante Berthe, il fut mis à son service, devint au fil des années le chef du personnel. Le maréchal lui vendit une petite maison contre le château, à un prix très amical. Édouard était son homme de confiance. Il dormait avec son épouse dans le château durant les longs mois où le maréchal était à Paris. Sinon il habitait sa petite maison. De ce couple descend une nombreuse descendance. Mais voilà comment les Lyautey savaient être là quand le malheur tapait à porte d’une famille du village.

 

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