2 juillet 1431 : bataille de Bulgnéville
René 1er d’Anjou, duc de Lorraine et de Bar

 

Personnage : Aubert II Dourches Sosa 208.896 de Sébastien PÉRETTE
° ~1391
+ 1463
X 1409 à Metz avec Marie d’Apremont, fille de Thomas d’Apremont et de Jeanne Dourches
° ? 1394


René 1er duc de Bar

Après la mort de Charles II de Lorraine survenue en début d'année 1431, René d'Anjou, duc de Bar, époux d'Isabelle de Lorraine héritière du duché, se rend à Nancy pour prendre le trône. Il est accompagné d'une troupe forte de plus de 300 chevaliers commandés par Baudricourt et Aubert Dourches.

(Note JM Pérette : comme ses ancêtres le chevalier Dourches commande la cavalerie du duc de Bar. Il était d’ailleurs aux côtés du Roi de France et de Jeanne d’Arc au siège de paris en 1429, en fait plutôt à côté de Baudricourt, il n’était pas spécialement un compagnon de Jeanne d’Arc).

Mais la légitimité de René est contestée par Antoine de Vaudémont-Joinville, le cousin d'Isabelle de Lorraine.

Le 1er juin, René d'Anjou met le siège devant Vaudémont qu'il ne peut prendre. Toutefois, sa position est très forte, car presque toute la
Lorraine s'est déclarée pour lui. Les deux adversaires cherchent à étoffer leurs armées qui en ont besoin et réussissent à se procurer les secours nécessaires. Antoine de Vaudémont reçoit les troupes du duc de Bourgogne, Philippe le Bon qui lui confie son maréchal Antoine de Toulongeon. Les alliés d’Antoine se rejoignent à Joinville, rejoignent la forteresse de La Mothe pour y prélever quelques troupes, puis campent le 1er juillet à Vaudoncourt.

René d'Anjou de son côté reçoit des troupes de Conrad Bayer de Boppart évêque de Metz, et de Robert de Sarrebruck, damoiseau de Commercy. Enfin le roi de France, Charles VII, son beau-frère (il avait en effet épousé Marie d'Anjou, soeur de René), lui donne le capitaine Barbazan dont la réputation comme chef de guerre n'est plus à faire.
Synthèse de la bataille par Jean-Louis Dourches, sur Wikipédia

Quand René apprend que l'armée de Vaudémont a pénétré le Bassigny, il quitte le siège de Vaudémont, se rend jusqu'à Epinal accompagné d'Aubert, afin de lever des troupes et se faire reconnaître comme duc de Lorraine. Avec 16.000 hommes dont 4500 cavaliers, il va ensuite à la rencontre de l'ennemi et le trouve au pied de Vaudoncourt le 2 juillet 1431.

L'armée est à deux doigts d'encercler la hauteur où sont retranchés les anglo-bourguignons qui se fortifient. René se place au centre du dispositif avec ses chevaliers, l'Evêque de Metz et le comte de Salm. Barbazan prend le commandement de l'aile droite et le Damoiseau de Commercy celui de l'aile gauche.
René fait reconnaître la position de ses adversaires et envoie ses hérauts pour les défier.

Avant de donner le signal du combat René assemble son conseil:
Les avis divergent :
Aubert Dourches et les capitaines forts de leur expérience dans les campagnes de France au côté du Roi Charles VII et de Jeanne D'Arc, conseillent de ne pas engager l'action. Barbazan suggère: « Les anglois n'ayant plus de vivres quitteront les retranchements pour attaquer les lorrains avec désavantage, ou alors, ils continueront leur retraite. » Aubert ajoute: « pendant qu'ils seront en marche, choisirons un bon moment pour les attaquer. »
L'Evêque de Metz appuie ces avis qui étaient fort prudents.
Plusieurs jeunes seigneurs prétendaient qu'il serait honteux pour les Lorrains de n'oser venir aux mains, ils avaient le nombre et puis les soldats d'Antoine étaient à peine bons pour s'opposer à leurs pages : les ennemis profiteraient de la nuit pour se sauver et une fois en sûreté en Bourgogne, ils prépareraient à loisir et en toute facilité, une seconde expédition et se jetteraient derechef sur le Duché dans un moment où l'on ne serait plus aussi bien disposé à les recevoir.
René, avide de combattre, envoie le Damoiseau de Commercy et le bâtard de Thuillières reconnaître avec le plus grand soin la position et la force apparente de l'ennemi. A leur retour ils conseillent que l'on commence le combat au plus tôt.
Le Damoiseau de Commercy insiste : « Ces gens-là nous faut assaillir, dès la première venue les emporterons. Ils ne sont mye bons pour nos pages ». Barbazan, qui s'était rendu compte par lui-même de l'excellente position des Bourguignons, essaye de faire valoir de nouveau son point de vue. En vain. Les jeunes se permettent même de douter de la valeur du vieux général. "Quand on a peur des feuilles, murmurent certains, ne faut pas aller au bois". "Qui a peur se retire !" ajoute Jean d'Haussonville. Piqué au vif, Barbazan répond: "A Dieu ne plaise, que par ma couardise, la maison de Lorraine ait été mise déshonneur. Je veux et j'entends combattre, et afin que vous ne disiez que j'ai peur moi et mes gens voulons être des premiers à donner dedans. Sonnez trompettes, au nom de Dieu sonnez subitement ".
Et chacun reprend sa place pour le combat.


Pendant ces pourparlers, ces allées et venues, Toulongeon n'a cessé d'augmenter les fortifications du camp des bourguignons. Lorsqu' Antoine voit l'armée de René s'élancer et s'approcher du ruisseau, il envoie un héraut demander une conférence. Craint-il à ce moment là, que l'issue de la bataille ne lui soit pas favorable? Les deux princes s'avancent entre leurs armées mais la conférence ne dure que quelques instants.
L'un et l'autre créent plusieurs chevaliers. Et Antoine, monté sur un petit cheval, parcourt le front de ses troupes « remontrant aymablement qu'ils combattissent sûrement et de bon courage » leur criant « Je prends sur ma damnation que ma querelle est bonne et juste car le duc de Bar veut sans cause me déshériter». Puis, s'adressant aux troupes anglo-bourguignonnes : « J'ai toujours bien tenu le parti des ducs Jean et Philippe de Bourgogne.»

René donne le signal de l'attaque et toute l'armée lorraine s'ébranle.
Le ruisseau est franchi. On n'est plus qu'à une portée d'arbalète des retranchements, lorsqu'un cerf, effrayé du bruit que fait cette multitude, sort de la forêt dans laquelle le cantonnement Bourguignon est installé, se jette au milieu des deux armées face aux troupes de Commercy, reste un moment immobile, puis tout d'un coup fonce sur les barrois, culbute quelques hommes et s'enfuit.
Cet incident, inspire à beaucoup de soldats une sorte de terreur superstitieuse et le désordre que le cerf a mis dans quelques rangs leur paraît être celui qui va se répandre dans l'armée toute entière.

Le comte de Vaudemont au contraire, y voit, ou feint d'y voir un gage assuré de succès et s'époumone: "frappons sur eux, mes amis, et suivons notre fortune, car ils sont nôtres et Dieu nous montre signe que la fuite tournera aujourd'hui du côté de nos ennemis".
Les Lorrains reprennent vite leur élan et les retranchements bourguignons sont violemment abordés. L'attaque est impétueuse, si impétueuse qu'ils culbutent une partie des chariots qui forment l'enceinte. La lourde cavalerie lorraine charge à rangs serrés.
C'est alors que Toulongeon fait mettre le feu aux canons et couleuvrines soigneusement camouflés derrière les chariots.
Ces armes nouvelles font quelques trouées. Le chroniqueur Monstrelet nous rapporte que "grande partie d'yceulx Barrois se plongèrent contre terre et furent effrayés".
Profitant de ce trouble momentané, les archers anglais et picards, protégés par les lances fichées devant eux, font pleuvoir sur les assaillants une grêle de flèches dont il est impossible de se garantir. La précision de leur tir arrête l'élan de la cavalerie.
Aubert et les chevaliers ne peuvent, malgré les charges successives, franchir les fossés et les obstacles accumulés leurs lances ne peuvent atteindre les ennemis derrière les palissades de pics. L'infanterie inexpérimentée, pataugeant dans la boue et les cadavres, ne tarde pas à se rebuter et recule. Et les archers ennemis continuent à tirer sur cette cohue, si bien que "les séparèrent, occirent et navrèrent terriblement et en briève conclusion les tournèrent à grande déconfiture et les mirent à grand meschief (désastre)".

Bientôt le découragement s'empare du camp du duc. On recule jusqu'au ruisseau. L'aile gauche avec Robert de Sarrebruck (le Damoiseau de Commercy) et Jean d'Haussonville a déguerpi aux premières flèches.
A ce moment Barbazan qui tâche de contenir la fuite et qui n'a pas oublié leurs arguments, leur adresse de durs reproches. "Tort ai, répond le Damoiseau, ainsi l'avais promis à ma mie que quitterais la mêlée".
Malgré les efforts de René et du vaillant capitaine français, les rangs des lorrains s'éclaircissent de plus en plus. Alors Toulongeon jugeant que le moment est venu de décider et d'achever la défaite, ordonne à ses cavaliers de reprendre leurs chevaux et de charger. Le jeune comte de Vaudémont prend lui-même la tête de la cavalerie.
Dans cette dernière mêlée, sur les bords du ruisseau périssent beaucoup de seigneurs lorrains et barrois et nombre de leurs sujets.

Certains comme Baudricourt parviennent à s'échapper grâce à "leurs boings chevaulx et leurs esperons", vers la forêt de Viranloup.
(Note Jean-Marie Pérette : il y gagna le surnom de Couard de Bulgnéville, c’est sûr que c’est moins facile que de souffleter la petite Jeanne d’Arc, 3 ans plus tôt, venue lui demander une escorte pour aller voir le roi de France).
Près des petits ponts qui enjambent les deux ruisseaux, Barbazan est très grièvement blessé, puis transporté à Bulgnéville par sa troupe battant en retraite.

D'un coup de vouge(1) dans une patte, le cheval d'Aubert s'écroule blessé à mort. Aubert continue le combat à pied au milieu des cadavres de ses hommes, de ses chevaux.
Après une brillante résistance de sa cavalerie, René d'Anjou continue à combattre. Il est à terre, désarçonné par un coup de lance dans son heaume. Il espère que ceux qui ont fui si facilement vont se ressaisir et revenir. Peu à peu il se trouve resserré dans un cercle infranchissable. Autour de lui ses hommes tombent un à un d'autres - l'Evêque de Metz, Errard du Châtelet- sont faits prisonniers.
Alors qu'il n'a plus comme troupe autour de lui qu'Aubert et ses derniers capitaines qui combattent à pied, qu'il est couvert de sang, blessé au nez, à la lèvre et au bras, René se rend à Martin Foucars, écuyer du Sire d'Enghien.

Ainsi finit la "piteuse et doloreuse besoigne" de Bulgnéville et fit environ deux mille morts dont les trois quart dans les rangs de René d'Anjou, un mois et demi après le martyre de Jeanne la Pucelle, brûlée vive à Rouen le 30 mai.

René est conduit dans les geôles de Dijon, Aubert fait la connaissance de celles de la forteresse de Vaudémont en compagnie d'une centaine d'autres chevaliers pris à la bataille.

Aubert Dourches est libéré deux ans plus tard après le paiement d'une énorme rançon payée par son frère Thomas qui doit vendre une grande partie des biens de sa famille dont plusieurs places fortes.

Fait à Toulon, le 31 août 2005,
Jean-Louis Dourches

(1) Sorte de lance dont le fer recourbé s'apparente à une serpe dans le but de blesser les pattes des chevaux (arme d'hast)



 

We use cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site web. Certains d’entre eux sont essentiels au fonctionnement du site et d’autres nous aident à améliorer ce site et l’expérience utilisateur (cookies traceurs). Vous pouvez décider vous-même si vous autorisez ou non ces cookies. Merci de noter que, si vous les rejetez, vous risquez de ne pas pouvoir utiliser l’ensemble des fonctionnalités du site.